Inventons
l’innovation
Le bâtiment et les travaux publics constituent le débouché premier et évident d’une production de granulats marins. D’autres usages peuvent être faits du sable de la baie de Somme, utiles à d’autres environnements, prometteurs de nouvelles découvertes, de nouveaux emplois.
Renforcer des côtes déficitaires en sable
Trop abondant devant la baie de Somme, le sable est une denrée rare en d’autres endroits. En mars 2008, 950 000 t de sable ont été déversées devant 12km de plages languedociennes pour les rengraisser (pour 10 millions d’euros d’investissement). La même opération (pour 100 000m3) a été réalisée sur le bassin d’Arcachon début 2009. Ainsi pratiquent depuis des siècles les Hollandais pour le renforcement de leurs polders. Plus près de la baie de Somme, des parties du littoral sont fragilisées, faute de galets… ou de sable : Mers les bains, Ault, le Marquenterre.
Des amendements agricoles ?
Même les dépôts de fond de port trouvent aujourd’hui preneurs dans des processus économiques. Construits en 1865, le bassin de chasse du Crotoy a peu été dragué depuis. Cela a diminué d’autant sa capacité de retenue d’eau, partant l’efficacité de sa chasse. Les dragages du port de Saint-Valery depuis une quinzaine d’années ont été déversés dans des chambres de rétention créées dans la renclôture du Mollenel. Dans un volume tel que le dragage de 2008 a été présenté comme le dernier, les chambres étant à saturation.
Ces sédiments de fond de port sont essentiellement de la vase. Comme tels, on ne savait qu’en faire. Au Mont-Saint-Michel, on les utilise comme intrants pour l’agriculture. Le maraîchage du pays malouin serait demandeur de 700 000m3. Le Ponthieu est une riche terre de maraîchage.
Un apport pour les parpaings
Le conglomérat Solvay, d’autre part, vient de mettre au point un nouveau procédé, Novosol, utilisant ces matériaux (à proportion de 5%) dans la fabrication de parpaings. On utilise aussi ces agrégats en sous-couche pour des terrassements, des terrains de sport.
Un matériau d’avenir ?
Le sable accumulé devant la baie est riche en silice (jusqu’à 50% le plus au sud-ouest). A Cayeux, l’entreprise Silmer prélève des galets de mer, riches à 97% en silice. Elle les calcine, ce qui est la base de son process industriel. Combien de temps cette société sera-t-elle encore autorisée à de tels prélèvements alors que le cordon de galets est de plus en plus fragile ? Un programme de recherche, mené par exemple par l’Université de Compiègne, ne permettrait-il pas de substituer du sable de silice au galet, favorisant un développement exponentiel de l’entreprise ?
Comme ce pourrait être le cas pour Silmer, qui devra un jour compenser par de la recherche et du développement l’inéluctable et prévisible diminution de son prélèvement de galets de mer (qui s’usent tout seuls d’ailleurs), d’autres activités à très forte valeur ajoutée sont à prévoir. La baie est (hélas encore) riche en sable, mais ce sable présente l’avantage d’être riche en silice. On a vu, jusqu’à présent, la silice surtout présente dans les galets de mer (galets bleus). Leur dureté en a longtemps fait d’excellents supports de broyage. Calcinés, ils sont d’une pure blancheur et d’une telle finesse qu’ils entrent dans la composition de peintures, de revêtements, de cosmétiques, etc. La silice est aussi le matériau de support de bien d’autres technologies, comme l’électronique, par exemple. Il y a là une matière première propre à susciter de la recherche.
Soutenir l’emploi de la batellerie
La batellerie française, en particulier celle du Nord, va être mise à très rude épreuve avec l’ouverture de Seine Nord : contrairement à nos artisans français, les Belges et les Néerlandais sont très équipés en grosses unités et prêts à investir le nouveau réseau, jusqu’au Havre. Recréer du trafic 300 tonnes sur la Somme donnera un bol d’air aux péniches françaises.
Poursuivons le débat
Il existe à coup sûr d’autres idées à trouver, d’autres innovations à venir justifiant l’emploi du sable qui aujourd’hui obstrue la baie de Somme.
Cette page se fera leur écho au fur et à mesure. Le débat sera d’autant plus riche qu’il sera plus partagé.