Un vieux marin me disait il y près de 20 ans que les mollières ne progresseraient pas parce que les tempêtes les en empêcheraient. On sait qu’il n’en a rien été. On peut même supposer qu’on ignore tout de l’évolution à venir.


QUELLES CONSEQUENCES


ATTENDRE ?

 

Brouage n’est plus un port

   Brouage, en Charente maritime, a connu une histoire qu’on n’aimerait pas voir se répéter à Saint-Valery-sur-Somme. Au Moyen-âge, c’était un port de commerce actif, en particulier pour le sel, qui accueillait plusieurs centaines de bateaux par an, venus de toute l’Europe.

   Situé au milieu du golfe de Saintonge, au sud de La Rochelle, le port a ensuite été militarisé, défendu par Vauban. Sous Louis XIV, Brouage était un très important port de guerre.

   La baisse du niveau des mers, et l’absence de rivière drainante à Brouage ont précipité la ruine de la ville et de son port. Ils sont aujourd’hui éloignés de 3 km de la côte.

 

Aigues-Mortes, la bien nommée

   Saint-Louis avait fait de cette ville du Gard en retrait de la mer son port sur la Méditerranée. C’est de là que le roi partit pour la croisade. Aigues-Mortes, qui tient en fait son nom des lacs salins qui l’entourent, n’est plus sur la Méditerranée, et n’a même plus d’accès à la mer.

 

Le Hourdel rentre dans la baie

   La distance séparant Ault de la pointe du Hourdel était de 10km en 1640, de 15km en 1736, de 16km en 1835.

   De 1780 à 1800, la pointe de galets du Hourdel a progressé de 260m vers le nord-est, puis de 160m jusqu’en 1827, de 19m jusqu’en 1832, de 24m jusqu’en 1840.

   De 1882 à 1971, la pointe de galets a progressé en moyenne de 4 mètres par an vers le nord-est (+360m).

   De Ault au Hourdel, 18km de digues de galets protègent tant bien que mal les bas-champs et la ville de Cayeux-sur-mer. Des épis sont dressés pour retenir ces galets, mais il faut sans cesse recharger leurs cases (en moyenne de 100 000m3/an), faute d’un apport du sud-ouest, car la houle continue de les faire migrer vers le nord-est. En l’état, qui peut dire ce qui retiendra les millions de mètres cubes de galets actuellement devant Cayeux, qu’on renforce chaque année ? Qui peut affirmer  qu’ils ne continueront pas leur route vers Le Crotoy, où l’on trouve déjà des galets sur la plage ?

   Un tel scénario aboutirait à déplacer l’actuelle digue de galets en travers de la baie, le fleuve Somme ne pouvant plus que s’échapper soit en longeant Le Crotoy, vers le nord, soit en passant entre Cayeux et la falaise morte, vers le sud.

 

 

 

 

 

des galets sur la plage du Crotoy
des galets sur la plage du Crotoy

Des dragages de fond de port vains

   Pour donner l’impression qu’on agit, pour satisfaire des usagers de passage, des dragages sont régulièrement effectués en fond de port.

   On a dragué le port de Saint-Valery en 1978.

   En 1990, on a extrait 12 000m3 du port de pêche de Saint-Valery, 70 000m3 du port de plaisance.

   En 1997, on a extrait 25 000m3 du port de pêche de Saint-Valery, pour un coût de 650 000 francs (100 000 euros), 30 000m3 du port de plaisance, et 10 000m3 du port de plaisance du Crotoy.

   En 2007, 80 000m3 ont été dragués à Saint-Valery, cette fois pour 900 000 euros.

   Ces dragages s’avèrent chaque fois inutiles au-delà de quelques mois. Ils sont sans cesse plus lourds, donc plus chers, parce que l’accumulation des sables à l’entrée de la baie ralentit l’écoulement de la marée et du courant de la Somme, facilite le dépôt des sédiments en fond de port, et renforce la nécessité des dragages.

   En 1997, un conseil portuaire estimait le dragage annuel nécessaire comme suit : 4 à 5 000m3 pour le port de plaisance de Saint-Valery, 2 à 3 000m3 pour le port de pêche ; 4 à 5 000m3 pour le port de plaisance du Crotoy, 3 à 4 000m3 pour le port de pêche, 20 à 30 000m3 pour le bassin de chasse ; 3 à 4 000m3 pour le port du Hourdel. Un travail réalisé par deux ouvriers des Ponts et Chaussées avec un louchet depuis un radeau 60 ans plus tôt.