Accompagner le dragage


par la chasse

 

   Le dragage à l’ouvert de la baie peut être accompagné, ce qui facilitera le dégagement des chenaux. On utilise depuis plusieurs siècles l’effet de chasse de bassins construits en fond de port pour accroître l’effet du jusant. A marée montante, l’eau envahit le bassin, mais n’est relâchée qu’en fin de marée descendante, prolongeant d’autant la chasse du jusant.

 

Le premier bassin au Crotoy

   Le bassin du Crotoy a été construit de 1862 à 1866, en compensation du détournement du fleuve, trente ans plus tôt, qui a forcé la Somme canalisée à parvenir à Saint-Valery. A sa construction, ce bassin s’étend sur 62 hectares, qui, à une marée de 8,90m, emmagasinaient une hauteur de 5,30m d’eau.

   Faute d’entretien, il ne reste que 19 ha à 8,90m en 1926, soixante ans plus tard. Il faut des marées de 10,80m pour retrouver les 62 ha recouverts, mais avec beaucoup moins de hauteur d’eau. A une cote basse de 6,50m, le volume d’eau est passé de 2 178 000m3 en 1866, à 1 273 000m3 en 1926.

   Un curage complet de ce bassin, avec retour à ses cotes de 1866, ajouté à une bonne gestion de l’ouverture de ses portes, permettrait une puissante chasse qu’on n’a pratiquement jamais connue depuis près de 150 ans.

 

Recréer le bassin du Hourdel

   Le bassin de chasse du Hourdel a été créé dès 1836, sur 16,4 hectares. Il comportait notamment de très astucieux guide eau réglables pour orienter l’eau chassée et favoriser le désensablage tantôt côté estacade, tantôt côté digue.

   Ce bassin sera curé en 1854 et 1891. A la veille et au lendemain de la grande guerre, Louis Angot, courtier maritime, ne cesse de se plaindre de l’ensablement du port du Hourdel, amenant des bateaux à se briser. Définitivement non entretenu, le bassin de chasse est abandonné en 1930, les terres vendues peu après.

   Il est prévu de recréer un bassin de chasse de 20ha vers la ferme de la Caroline. Il offrirait d’ailleurs plus une extension du volume oscillant qu’un vrai bassin, puisqu’aucune porte n’en retiendrait l’eau pour la relâcher après le jusant. Ce bassin demandera un curage régulier

 

Utiliser la Somme canalisée

   De l’écluse de Saint-Valery à celle d’Abbeville, le canal maritime s’étend sur plus de 15km, sur environ 50m de largeur, soit plus de 75 ha. Un seul mètre de hauteur d’eau, captée en fin de flot, relâcherait plus de 7,5 millions de mètres cubes en fin de jusant : un effet de chasse majeur pour l’ensemble de la baie.

 

Aménager la renclôture du Mollenel

   La digue de la renclôture du Mollenel, en arrière de la digue du nord, à Saint-Valery, a été rompue par la mer en 1985. La loi de 1807 fait supporter au riverain la gestion et l’entretien de ses digues. A défaut, le principe prévoyant que le domaine public maritime s’étend aussi loin que les plus hautes marées, même exceptionnelles, s’applique. C’est à présent le cas. Il revient donc à l’Etat de faire valoir ses droits sur ces terrains jadis conquis sur la mer (qui n’ont plus d’ailleurs d’utilisation agricole).

   S’étendant sur 25 hectares, cette ancienne renclôture est actuellement fermée à la mer par 460m de digue, vers Saint-Valery, et 900m de digue, vers Noyelles, séparées par 95m de brèche. L’aménagement de cette brèche en seuil submersible, avec porte, permettrait d’une part un plan d’eau pour des activités nautiques en fond de baie, d’autre part un autre bassin de chasse.

 

   La conjonction de l’effet dosé et proportionné des chasses de trois bassins et de la partie canalisée de la Somme maritime, offrira à la baie un puissant levier en fin de marée descendante pour augmenter dans les chenaux l’effet du dragage par l’extérieur.

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